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Se monstre loing du Rhin fidellement,
Ce monstre loing dur infidellement.

Je viendray maintenant aux mots couppez, & commenceray sur l’interpretation d’un Proverbe vulgaire, pourquoy l’on dit, Moustarde de Dijon. Car à la verité la moustarde ny est meilleure, ny plus frequente quailleurs : encor que certains larrons d’hostelieries, pour abuser le monde, & confirmer mieux ce Proverbe, vendent bien chair de petits barils & pains de moustarde propres à mettre dans la gibbeciere, plus pour la sensualité des curieux, que pour appetit qui y puisse estre : car pour la conglutiner, il y faut entremesler de la terre grasse, & autres choses moins nettes. L’origine donc de ce dire n’a pas pris sa source de là, ains a commencé sous le Roy Charles sixiesme, en l’an 1381, lors que luy, avec Philippes le Hardy son oncle, furent au secours de Loys Comte de Flandres, beau-pere dudit Duc. Où les Dijonnois, qui de tout temps ont esté tres fideles & tres affectionnez envers leurs Princes, se monstrent si zelez que de leur mouvement ils envoyerent mille hommes conduits par un vieil Chevalier, jusques en Flandres. Ce que recognoissant ce valureux Duc, leur donna plusieurs privileges, comme de pouvoir tenir terre en fief, & autres : Et notamment voulut qu’à jamais la ville portast les deux premiers chefs de ses armes, selon qu’auiourd’huy encores elle les portes : sçavoir my-parti sus gueules, premier quartier d’azur semé de fleurs de lys d’or la bourdure componee d’argent & de gueules, second quartier d’azur, à trois bandes d’or, bordé de gueules luy donna en son cry, autrement la devise, qu’il fit peindre en son enseigne, qui estoit.

Mout me tarde,

Mais comme ceste divise estoit en rouleau, de la façon qu’encore aujourd’huy elle est eslevée en pierre à la