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DES REBUS DE
PICARDIE.

CHAP. II.


S Ur toutes les folastres inventions du temps passé j’entends depuis environ trois ou quatre ans en çà, on avoit trouvé une façon de devise par seules peinctures, qu’en souloit appeller des Rebus : laquelle se pourroit ainsi definir, Que ce sont peinctures de diverses choses ordinairement, lesquelles profereés de suitte sans article, font un certain langage : ou plus briefvement, Que ce sont equivoques de la peincture à la parole. Est-ce pas dommage d’avoir surnommé une si spirituelle invention de mot, Rebus ? qui est general à toutes choses, & lequel signifie des choses ? Encor pensay-je qu’on les a nommeés en Latin, faute de meilleur terme, & a fin que les nommant selon le mot François, Des choses, cela me semblast trop general en nostre langue. Quand au surnom qu’on leur a donné de Picardie, c’est à raison de ce que les Picards, sur tous les François, s’y sont infiniment plus & delectez. Ce que tesmoigne Maros en son Coq à l’asne.

Car en rebus de Picardie
Une faux, une estrille, un veau,
Cela fait estrille Fauveau.