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nous favorise que l’usage. Tellement que les Hebrieux pour prenne de leur antiquité, ont l’usage, la persomption, l’authorité, & la raison, je n’obmettray ce que Josephe rapporte de deux Colonnes d’excessive grosseur, qui se trouvoient de son temps insculpees de lettres Hebraïques, que l’on tenoit generallement avoir esté avant le general Cataclisme, advenu du temps de Noé. Il faut donc conclurre que les Hebrieux sont les vrays & seuls autheurs. Et combien que la diversité des carracteres des autres nations ne seroit pas tiree des leurs, si ne donné-je pas grand’loüange à ceux qui les ont inventeés, veu qu’un homme de loisir, sans grand travail, peut composer un, voire plusieurs Alphabets à sa fantasie. Ceux qui se meslent de faire des Chiffres, dont je parleray cy apres, le mostrent evidemment de sorte que je ne me puis tenir de rire d’un certain, qui disoit vouloir rendre raison de la forme des lettres, voulant epiloguer sur ce que curieusement Matrianus Campellain Philologia a voulu tenter, apres quelques anciens, comme Terentianus, Mautus, & apres luy Ramus, & disoit que A. estoit large au dessus pource que le prononçant on eslargissoit la bouche. O, tout rond, pource que le nommant, on la mettoit quasi de ceste façon, Q, pource qu’il ressemble au cul, duquel sort de l’ordure. Il devoit dire L, apres enforme d’un nez. Je te laisse à penser combien de grimaces il luy falloit faire pour trouver le reste. Il se faut donc contenter, que telle a esté la fantasie de ceux qui premièrement ont donné nos caracteres, qu’ils les ont faits à plaisir : Mais qu’estans une fois passez par l’usage d’une nation, ils doivent servir de loy inviolable, sans qu’il soit loisible de les changer. Toute la difficulté des Lettres a consisté, selon mon advis, de reduire & asservir tous les mots du monde