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b) Que l’État-Major et l’OKW n’ont été que des instruments entre les mains des conspirateurs et les simples interprètes de leur volonté.

De très nombreuses preuves démentent ces conclusions :

1o Les principaux membres de l’État-Major général et de l’OKW, avec le cercle étroit des hauts fonctionnaires hitlériens, furent appelés par les conspirateurs à élaborer et à réaliser les plans d’agression, non pas en exécutants passifs, mais comme les participants actifs du complot contre la Paix et l’Humanité.

Sans leurs conseils et leur collaboration active, il aurait été impossible à Hitler de résoudre ces questions.

Dans la plupart des cas, leur opinion était décisive. On ne peut concevoir comment les plans d’agression de l’Allemagne hitlérienne auraient pu se réaliser, si les cadres supérieurs des Forces armées ne les avaient entièrement appuyés.

C’est aux grands chefs du commandement militaire que Hitler dissimulait le moins ses desseins criminels.

C’est ainsi que, préparant l’attaque de la Pologne, il déclarait encore, en mai 1939, aux grands chefs militaires, réunis dans la nouvelle Chancellerie du Reich :

« Il s’agit pour nous d’étendre notre espace vital vers l’Est.

« Il n’est plus question d’épargner la Pologne, et il nous reste la décision d’attaquer la Pologne à la première occasion. » (Document L-79.)

Bien avant l’annexion de la Tchécoslovaquie, Hitler déclarait cyniquement, dans sa directive du 30 mai 1938, adressée aux membres du commandement militaire :

« Le moment le plus favorable, du point de vue militaire et politique, est celui d’une attaque foudroyante à la suite d’un incident quelconque, qui aura constitué une violente provocation à l’égard de l’Allemagne, et qui justifiera moralement nos mesures militaires aux yeux d’une partie tout au moins de l’opinion internationale. » (Document PS-338.)

Avant l’invasion de la Yougoslavie, dans une directive datée du 27 mars 1941, Hitler écrivait, s’adressant aux membres du Haut Commandement :

« Même si la Yougoslavie affirme sa loyauté, il faudra la considérer en ennemie et l’écraser, en conséquence, le plus rapidement possible. » (Document PS-1746.)

Au moment où il préparait l’agression contre l’URSS, Hitler chargea les membres de l’État-Major général et de l’OKW de préparer des plans et des directives dans ce sens ; il ne les traita donc pas en simples spécialistes de la guerre.