Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/387

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans son discours du 29 novembre 1938, Schacht déclara que la politique de la Reichsbank avait permis à l’Allemagne d’édifier « une machine de guerre sans égale, et cette machine à son tour a permis de réaliser les buts de notre politique» (document EC-611, USA-622).

Il faut absolument exclure l’hypothèse que Schacht n’ait pas su à quelle politique étaient destinés ces armements, en raison de leur importance sans précédent et de la prédominance très nette des formes d’armement destinées à l’agression (tanks lourds, bombardiers, etc.). En outre, Schacht voyait très bien qu’aucun pays ne se disposait à faire la guerre à l’Allemagne et qu’il n’y avait d’ailleurs aucun motif à cela,

a) Schacht utilisa la puissance militaire allemande, qui augmentait sous sa direction, pour poser des exigences territoriales qui augmentaient en fonction directe de l’armement.

Schacht a déposé devant le Tribunal qu’il « s’en était d’abord tenu (dans ses exigences) aux anciennes colonies allemandes » (compte rendu de la matinée du 3 mai 1946).

En septembre 1934, lors d’une conversation avec Dodd, l’ambassadeur des États-Unis, Schacht dit qu’il souhaitait l’annexion autant que possible sans guerre, et même avec la guerre, si les États-Unis se tenaient en dehors du conflit (document EC-461, USA-58).

En 1935, Schacht déclara au consul des États-Unis, Fuller :

« Les Colonies sont indispensables à l’Allemagne ; si c’est possible, nous les obtiendrons par des négociations, sinon nous les prendrons nous-mêmes. » (Document EC-450, USA-629.)

Schacht a reconnu devant le Tribunal que la pression militaire exercée sur la Tchécoslovaquie était « dans une certaine mesure, le résultat et le fruit de ses travaux » (compte rendu de la matinée du 3 mai 1946).

b) Schacht prit personnellement part aux pillages des biens gouvernementaux et privés, dans les pays victimes de l’agression hitlérienne.

Dans le procès-verbal de la conférence tenue, le 11 mars 1938, par l’État-Major de l’Économie de guerre, à laquelle participait Schacht, il est dit que les assistants reçurent les dernières directives de Hitler sur l’invasion de l’Autriche. On lit plus loin dans ce procès-verbal : « Il fut ensuite décidé, sur la proposition de Schacht, que toutes les opérations financières seraient calculées en Reichsmark, au taux de deux schillings pour un Reichsmark. » (Document EC-421, USA-645.)

Schacht a reconnu devant le Tribunal qu’il avait personnellement dirigé la saisie de la banque d’État tchécoslovaque après l’occupation du pays (compte rendu de l’audience du 3 mai 1946).