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Les preuves ne montrent pas que Bormann ait eu connaissance des plans de Hitler qui visaient à préparer, à déclencher ou à mener des guerres d’agression. Il n’assista à aucune des importantes conférences où Hitler, peu à peu, révéla ses plans d’agression, et l’on ne peut déduire, à coup sûr, des fonctions occupées par l’accusé, qu’il ait été tenu au courant de ces plans. Ce fut seulement lorsqu’il devint chef de la Chancellerie du Parti, en 1941, et secrétaire du Führer, en 1943, qu’il put assister à la plupart des conférences de Hitler.

Le Tribunal, suivant en cela l’opinion qu’il a déjà exprimée à propos de la guerre d’agression, et devant l’insuffisance des preuves, déclare que Bormann ne peut être inculpé des crimes visés par le premier chef d’accusation.


Crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.

En vertu du décret du 29 mai 1941, Bormann succéda à Hess dans les postes que ce dernier occupait et hérita de ses pouvoirs. Par décret du 24 janvier 1942, ceux-ci furent étendus jusqu’à lui permettre de contrôler toutes les lois et directives émanant de Hitler. Il porte ainsi la responsabilité des lois et des ordres promulgués postérieurement à cette date. Le 1er décembre 1942, tous les Gaue devinrent des « districts de défense » du Reich, et les Gauleiter du Parti, responsables devant Bormann, furent nommés commissaires à la Défense du Reich, ce qui revenait à soumettre à leur administration tout l’effort de guerre de la population. Leur rôle s’étendait non seulement à l’Allemagne, mais aussi aux territoires conquis et incorporés au Reich.

Grâce à ce système, Bormann dirigeait l’exploitation impitoyable de la population qui était sous ses ordres. Son ordre du 12 août 1942 met toutes les agences du Parti à la disposition de Himmler pour l’exécution, par la force, de son programme de colonisation et de « dénationalisation » des habitants des pays occupés. Trois semaines après l’invasion de l’Union Soviétique, il assista à la conférence du 16 juillet 1941, qui eut lieu au Quartier Général d’opérations de Hitler et à laquelle assistaient également Göring, Rosenberg et Keitel. Le rapport de Bormann montre qu’on y dressa des plans détaillés visant à réduire en esclavage et à exterminer la population de ces territoires. Le 8 mai 1942, il discuta avec Hitler et Rosenberg du transfert en Lettonie de nationaux hollandais, du programme d’extermination des populations soviétiques et de l’exploitation économique des territoires de l’Est. Il fut mêlé aussi, dans ce territoire, à la confiscation d’œuvres d’art et d’autres biens. Par une lettre du 11 janvier 1944, il demandait la création d’une vaste organisation chargée de prendre dans les territoires occupés ce qui pourrait être utile aux Allemands victimes des bombardements.