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qu’elle pouvait avoir sur ses habitants. Un pillage généralisé des biens publics et privés fut effectué par Seyss-Inquart qui lui donna par ses ordonnances un semblant de légalité, et qui fit procéder à des manipulations financières destinées à faciliter ce pillage.

En sa qualité de commissaire du Reich pour les Pays-Bas, Seyss-Inquart commença immédiatement à envoyer des travailleurs forcés en Allemagne. Jusqu’en 1942, le service du travail était volontaire en principe, mais en réalité rendu obligatoire par la forte pression économique et gouvernementale qui était exercée. En 1942, Seyss-Inquart décréta formellement le service du travail obligatoire et utilisa la Police de sûreté et le SD pour empêcher qu’on pût se soustraire à son ordre. Pendant l’occupation, plus de cinq cent mille personnes furent envoyées des Pays-Bas dans le Reich comme travailleurs et une très faible proportion seulement fut réellement volontaire.

L’une des premières mesures de Seyss-Inquart en sa qualité de commissaire du Reich pour les Pays-Bas consista à mettre en vigueur une série de lois économiques d’exception visant les Juifs. Puis vinrent des décrets exigeant qu’ils soient recensés, les obligeant à vivre dans des ghettos et à porter l’étoile de David ; ils furent également arrêtés périodiquement et détenus dans des camps de concentration, et finalement, sur la proposition de Heydrich, déportés en masse : près de cent vingt mille Juifs sur les cent quarante mille qui vivaient en Hollande furent envoyés à Auschwitz en vue de la « solution finale ». Seyss-Inquart admet qu’il a connu leur destination, mais il prétend qu’il avait entendu dire, de personnes qui avaient été à Auschwitz, que les Juifs y étaient relativement bien traités et qu’il croyait qu’on les retenait là en vue d’un transfert dans un autre pays, après la guerre. À la lumière des preuves, et étant donné la position officielle qu’il occupait, il est impossible d’ajouter foi à cette affirmation.

Seyss-Inquart prétend qu’il n’est pas responsable de la plupart des crimes commis au cours de l’occupation des Pays-Bas parce qu’ils étaient soit ordonnés par le Reich et exécutés par l’Armée, sur laquelle il n’avait aucun contrôle, soit ordonnés par le chef allemand des SS et de la Police qui, affirme-t-il, n’en rendait compte qu’à Himmler. Il est vrai que l’Armée porte la responsabilité de certains des excès commis, et que le chef des SS et de la Police, bien qu’il fût à la disposition de Seyss-Inquart, pouvait toujours envoyer directement ses rapports à Himmler. Il est également vrai que Seyss-Inquart s’opposa parfois aux mesures violentes prises par d’autres organismes ; ainsi, il réussit dans une large mesure à empêcher l’Armée de se livrer à une politique de « terre brûlée », et insista auprès de chefs des SS et de la Police pour que soit réduit le nombre des otages à fusiller. Mais le fait demeure que