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Il n’en est pas moins vrai que Sauckel eut incontestablement une responsabilité générale dans l’ensemble du programme de travail obligatoire. À l’époque dont il s’agit, il exerçait certainement un contrôle sur les domaines dont il prétend maintenant que d’autres avaient la charge. Les règlements qu’il édictait donnaient à ses commissaires le pouvoir de recruter la main-d’œuvre ; et il s’appliquait constamment à surveiller les mesures prises. Il avait connaissance des méthodes impitoyables employées pour le recrutement et soutenait pleinement ces méthodes en se fondant sur ce qu’elles étaient nécessaires afin d’atteindre les contingents fixés.

Il résulte des directives de Sauckel qu’il avait la responsabilité du transport des ouvriers en Allemagne, de leur répartition entre les employeurs, de leur logement et de leur subsistance, et que tous les organismes qui s’occupaient de ces questions lui étaient subordonnés. Il connaissait les conditions défectueuses dans lesquelles vivaient les travailleurs. Il ne semble pas qu’il ait été, par principe, favorable à des méthodes brutales d’extermination par le travail, comme l’était Himmler, Son attitude s’exprime ainsi dans un règlement :

« Tous les hommes doivent être nourris, logés et traités de façon à en obtenir le rendement maximum avec le minimum de frais. »

Il a été démontré que Sauckel était chargé d’un programme qui impliquait, pour plus de cinq millions d’êtres humains, la déportation en vue du travail obligatoire et que, pour beaucoup d’entre eux, cette déportation s’effectuait dans des conditions de cruauté effroyables.


Conclusion.

Le Tribunal déclare :

Que l’accusé Sauckel n’est pas coupable des crimes visés par les premier et deuxième chefs de l’Acte d’accusation ;

Que l’accusé Sauckel est coupable des crimes visés dans les troisième et quatrième chefs de l’Acte d’accusation.


JODL.

Jodl est inculpé des crimes visés par les quatre chefs de l’Acte d’accusation. De 1935 à 1938, il fut chef de la Section de la Défense nationale dans le Haut Commandement des Forces armées. Après une année passée dans une unité, il devint, en août 1939, chef de l’État-Major d’opérations du Haut Commandement des Forces armées. Bien qu’il ait eu Keitel comme supérieur immédiat, il était en relations directes avec Hitler, pour toutes les questions d’opérations militaires. Du point de vue strictement militaire, Jodl fut le véritable instigateur de la guerre et l’un des principaux responsables de la stratégie et de la conduite des opérations.