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leiter, il n’a pas été prouvé qu’il ait eu connaissance de celles-ci. Le Tribunal, en conséquence, estime que la preuve de la participation de Streicher au complot ou plan concerté ayant pour but de déclencher une guerre digression, tel qu’il a été défini dans ce jugement, n’a pas été apportée.


Crimes contre l’Humanité.

Ayant, pendant vingt-cinq ans, prêché, par la parole et par la plume, la haine des Juifs, Streicher était universellement connu comme leur ennemi le plus acharné. Dans ses discours et ses articles hebdomadaires ou mensuels, il sema dans l’esprit allemand le virus de l’antisémitisme et poussa le peuple à se livrer à des actions hostiles à l’égard des Juifs. Chaque numéro du Stürmer, qui en 1935 atteignait un tirage de six cent mille exemplaires, était rempli d’articles en ce sens, souvent même licencieux et abjects.

Streicher fut chargé du boycottage des entreprises juives qui débuta le 1er  avril 1933. Il prit parti pour les décrets de Nuremberg de 1935. Il est responsable de l’incendie de la synagogue de Nuremberg du 10 août 1938, et, le 10 novembre, il préconisa publiquement le pogrom qui eut lieu à cette date.

Mais ce ne fut pas seulement contre les Juifs d’Allemagne que Streicher développa ses doctrines. Dès 1938, il commença à demander l’anéantissement de la race juive. Vingt-trois articles du journal Der Stürmer, écrits entre 1938 et 1941, et dans lesquels était prônée une « élimination » des Juifs, ont été versés aux débats à titre d’exemple caractéristique de ses enseignements. Un éditorial, paru en septembre 1938, traitait le Juif de « bacille », de fléau, déclarait qu’il n’était pas un être humain et l’accusait d’être « un parasite, un être nuisible, un malfaiteur et un propagateur de maladies, qui doit être détruit dans l’intérêt de l’Humanité ». D’autres articles proclamaient que le problème juif ne pourrait être résolu que lorsque la « Juiverie internationale » aurait été anéantie et prédisaient que, d’ici cinquante ans, les tombes juives « attesteraient que ce peuple d’assassins et de criminels a bel et bien trouvé le sort qu’il méritait ».

En février 1940, Streicher publia la lettre d’un lecteur du Stürmer comparant les Juifs à des essaims de sauterelles qui devaient être totalement exterminés. Tel fut le poison que Streicher versa dans l’esprit de milliers d’Allemands ; il leur fit accepter la politique nationale-socialiste de persécution et d’extermination des Juifs. Un éditorial du Stürmer, publié en mai 1939, montre clairement l’intention dans laquelle il a été écrit :