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circuler, sur les conditions de vie des Juifs dans l’Est, des bruits que certains Allemands pourraient ne pas comprendre et indiquait, en détail, l’explication officielle qu’il y avait lieu de donner. Le bulletin ne disait pas explicitement que l’on exterminait les Juifs, mais il indiquait qu’on les expédiait dans des camps de travail. Il mentionnait leur isolement et leur élimination totale, ainsi que la nécessité de faire preuve à leur égard d’une inflexible sévérité. Ainsi, même dans son sens apparent, il montrait que l’on avait recours à l’appareil du Corps des chefs pour empêcher l’opinion publique allemande de se révolter contre un programme qui devait condamner les Juifs d’Europe à toute une vie d’esclavage. On continua à fournir ces informations au Corps des chefs. L’édition d’août 1944 de Die Lage, publication qui était distribuée parmi les chefs politiques, décrit la déportation de quatre cent trente mille Juifs de Hongrie.

Le Corps des chefs a joué un rôle important dans l’application du programme du travail forcé. Par un décret du 6 avril 1942, Sauckel attribuait à tous les Gauleiter les fonctions de délégués à la mobilisation de la main-d’œuvre dans leur Gau. Il leur donnait le pouvoir de coordonner tous les organismes chargés des questions de main-d’œuvre dans leurs circonscriptions, et un pouvoir exprès en ce qui concernait l’emploi de la main-d’œuvre étrangère, y compris les conditions de travail, le ravitaillement et le logement. En vertu de ce décret, les Gauleiter assumèrent le contrôle de la répartition de la main-d’œuvre dans leur Gau, y compris celle des travailleurs forcés amenés des pays étrangers. Dans l’accomplissement de cette tâche, les Gauleiter firent, appel, dans leur Gau, à de nombreux services du Parti, notamment aux chefs politiques subalternes. Par exemple, le décret de Sauckel du 8 septembre 1942, relatif à l’emploi de quatre cent mille ouvrières de l’Est pour des besognes ménagères, institua une procédure selon laquelle les demandes relatives à cette catégorie de main-d’œuvre devaient être transmises par les Kreisleiter, dont l’appréciation était décisive.

Selon les directives de Sauckel, le traitement des travailleurs étrangers relevait directement du Corps des chefs et les Gauleiter reçurent l’ordre explicite d’empêcher des « directeurs d’usines politiquement non-conformistes » de « trop se préoccuper du bien-être des travailleurs de l’Est ». Parmi les questions se rattachant à ce traitement, figuraient des rapports établis par les Kreisleiter sur les cas de grossesse des travailleuses, qui se terminaient par un avortement si l’ascendance de l’enfant ne répondait pas aux standards raciaux fixés par les SS, et, généralement par l’internement de la travailleuse étrangère dans un camp de concentration. Les témoignages ont permis d’établir que les travailleurs de l’industrie, sous la surveillance du Corps des chefs, étaient logés dans des camps dans