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forcé. Cependant, au cours de l’été de 1941, des plans furent établis pour la « solution finale » de la question juive en Europe. Cette « solution finale » signifiait l’extermination des Juifs, dont Hitler avait prédit, au début de 1939, qu’elle serait une des conséquences de la guerre ; une section spéciale de la Gestapo, sous les ordres d’Adolf Eichmann, chef de la Section B4 de cette police, fut créée pour atteindre ce résultat.

Le plan d’extermination des Juifs se développa peu après l’attaque de l’Union Soviétique. Ce fut à des Einsatzgruppen de la Police de sûreté et du SD, formés pour briser, sur le front oriental, la résistance des populations derrière les Armées allemandes, que l’on confia la tâche d’exterminer les Juifs dans ces régions. L’efficacité du travail accompli par les Einsatzgruppen apparaît dans le fait qu’en février 1942, Heydrich put déclarer que l’Esthonie avait déjà été entièrement débarrassée des Juifs, et qu’à Riga leur nombre était passé de vingt-neuf mille cinq cents à deux mille cinq cents. Les Einsatzgruppen exécutèrent en trois mois plus de cent trente-cinq mille Juifs dans les États baltes occupés.

Ces unités spéciales n’opérèrent pas en complète indépendance vis-à-vis de l’Armée allemande. Il est clairement prouvé, au contraire, que les chefs des Einsatzgruppen obtinrent la collaboration des chefs de l’Armée ; notamment, les relations entre les autorités militaires et l’une des Einsatzgruppen ont été décrites comme étant, à ce moment-là, « très étroites, presque cordiales » ; dans un autre cas, la facilité avec laquelle un Einsatzkommando avait pu accomplir sa tâche fut attribuée à la « compréhension pour cette façon d’agir », montrée par les autorités militaires.

L’extermination des Juifs fut aussi confiée à des unités de la Police de sûreté et du SD qui se trouvaient dans les territoires de l’Est soumis à une administration civile. Bien qu’elle n’ait eu lieu qu’en 1943, la destruction du ghetto de Varsovie, telle qu’elle est relatée dans le rapport du général SS Stroop, chargé de cette opération, démontre clairement la nature organisée et systématique des persécutions de Juifs. Le récit de Stroop, contenu dans un volume, illustré de photographies, s’intitule : « Le Ghetto de Varsovie n’existe plus », et a été produit en preuve devant ce Tribunal. Il se compose d’une suite de rapports adressés par l’auteur à l’Oberführer des SS et de la Police pour les territoires de l’Est. On lit dans l’un de ces textes daté par Stroop d’avril-mai 1943 :

« Seule l’action énergique effectuée de jour et de nuit par nos troupes put venir à bout de la résistance des Juifs et des bandits. Le Reichsführer SS donna donc l’ordre, le 23 avril 1943, de nettoyer le ghetto avec la plus grande sévérité et une fermeté impitoyable. Je décidai donc de détruire et d’incendier le ghetto tout entier, sans épargner les fabriques de munitions. Ces fabriques furent d’abord systématiquement dégarnies, puis incendiées. Les Juifs abandon-