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réduire le sentiment de la culpabilité personnelle chez ses hommes et que les quatre-vingt-dix mille hommes, femmes et enfants, qui furent massacrés en un an par son seul groupe, étaient Juifs pour la plupart.

Lorsqu’on demanda au témoin Bach Zelewski comment Ohlendorf avait pu trouver naturel le meurtre de quatre-vingt-dix mille personnes, il répondit :

« J’estime que si l’on enseigne pendant des années, des dizaines d’années, la doctrine selon laquelle la race slave est une race inférieure, et le Juif à peine un être humain, un tel aboutissement est inévitable. »

Frank a prononcé les derniers mots de ce chapitre de l’histoire nazie lorsqu’il a dit devant ce Tribunal :

« Nous avons lutté contre les Juifs, nous avons lutté pendant des années, et nous nous sommes permis de faire des déclarations — mon propre journal m’accable à cet égard — des déclarations terribles… Mille années passeront et cette faute de l’Allemagne ne sera toujours pas effacée. »

La politique antijuive était ainsi résumée dans le paragraphe 4 du programme du Parti : « Peut seul être citoyen un membre de la race. Est membre de la race celui-là seul qui est de sang allemand, sans considération de croyances. Aucun Juif ne peut être membre de la race… »

D’autres paragraphes de ce programme stipulaient que les Juifs devaient être traités en étrangers, qu’ils n’avaient pas le droit d’occuper des fonctions publiques, qu’ils devraient être expulsés du Reich dans le cas où le ravitaillement serait insuffisant pour la population entière, qu’ils ne devaient plus être autorisés à immigrer en Allemagne et enfin qu’on devrait leur interdire de publier des journaux. Le parti nazi ne cessa de prêcher cette doctrine. Le Stürmer et d’autres publications étaient autorisés à propager la haine contre les Juifs et ceux-ci, dans les discours et les déclarations des dirigeants nazis, étaient ridiculisés publiquement et livrés au mépris de la foule.

La persécution des Juifs s’intensifia à la prise du pouvoir. Une série de lois d’exception fut promulguée, qui limitait les fonctions et professions que les Juifs avaient le droit d’exercer ; leur vie privée et leurs droits de citoyens firent également l’objet d’autres restrictions. Dès l’automne 1933, les nazis, dans leur politique antisémite, en étaient arrivés à vouloir l’exclusion totale des Juifs de la vie allemande. On organisa des pogroms consistant à brûler et à détruire les synagogues, à piller les magasins israélites et à arrêter les hommes d’affaires juifs importants. Une amende collective d’un milliard de mark fut imposée aux Juifs, la saisie de leurs avoirs fut permise et ils ne furent autorisés à se déplacer