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Sauckel formula, le 20 avril 1942, la politique générale servant de base à la mobilisation du travail forcé :

« Cette gigantesque mobilisation doit permettre d’exploiter toutes les riches et immenses ressources qui ont été conquises par nous, par la Wehrmacht luttant sous la conduite d’Adolf Hitler, afin que nos armées soient équipées et la Patrie ravitaillée. Les matières premières, les territoires fertiles qui ont été conquis, la main-d’œuvre, tout sera exploité entièrement et consciencieusement au profit de l’Allemagne et de ses alliés… Tous les prisonniers de guerre, aussi bien ceux de l’Ouest que ceux de l’Est, qui sont actuellement en Allemagne, devront être utilisés en totalité dans les industries allemandes d’armement et de ravitaillement… Ainsi il faut immédiatement exploiter dans la mesure du possible les réserves humaines du territoire soviétique conquis. Si nous ne réussissons pas à obtenir la quantité nécessaire d’ouvriers par les engagements volontaires, il nous faudra recourir immédiatement à la réquisition et instituer le travail obligatoire. L’utilisation au maximum des prisonniers de guerre et l’emploi d’un très grand nombre de nouveaux travailleurs civils étrangers, hommes et femmes, sont devenus, pour la réalisation du programme de travail dans cette guerre, une nécessité qui ne se discute pas. »

On pourrait également se référer à la politique existant en Allemagne au cours de l’été 1940, suivant laquelle toutes les personnes âgées, malades, et incurables, « bouches inutiles », étaient transférées dans des camps spéciaux où elles étaient tuées, et leurs parents informés de leur décès comme étant survenu de cause naturelle. Les victimes n’étaient pas internées avec les citoyens allemands, mais incorporées aux travailleurs étrangers, devenus incapables de travailler, et par conséquent sans utilité pour la machine de guerre allemande. On a estimé qu’au moins deux cent soixante-quinze mille personnes furent tuées de cette manière dans des cliniques, hôpitaux et asiles, lesquels, étaient sous la juridiction de Frick, en sa qualité de ministre de l’Intérieur. Combien de travailleurs étrangers furent incorporés dans ce total, il a été tout à fait impossible de le déterminer.


Persécution des Juifs.

La persécution des Juifs par le Gouvernement nazi a été décrite de la façon la plus détaillée devant ce Tribunal. Nous avons là la preuve d’actes commis sur une grande échelle avec une inhumanité constante et systématique. Ohlendorf, chef de l’Amt III dans le RSHA, de 1939 à 1943, et commandant d’une Einsatzgruppe dans la campagne contre l’Union Soviétique, a témoigné sur les méthodes employées pour exterminer les Juifs. Il a dit que, pour fusiller les victimes, il se servait de pelotons d’exécution, afin de