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« Le sort des prisonniers de guerre soviétiques en Allemagne est une tragédie immense… Une grande partie d’entre eux sont morts de faim ou par suite des intempéries. Plusieurs milliers d’hommes sont morts du typhus.

« Les commandants de camp ont interdit à la population civile de fournir des aliments aux prisonniers, et ont préféré les laisser mourir d’inanition.

« À diverses reprises, des prisonniers de guerre qui, épuisés par la faim et la fatigue, ne pouvaient plus marcher furent fusillés sous les yeux de la population terrifiée, et leurs corps abandonnés sur place.

« Dans un grand nombre de camps, les prisonniers de guerre n’avaient pas d’abris. Ils couchaient en plein air sous la pluie ou la neige. On ne leur fournissait même pas d’outils pour creuser des trous ou des souterrains. »

Dans certains cas, des prisonniers de guerre soviétiques furent marqués d’un signe indélébile spécial. On a versé au dossier un ordre de l’OKW, daté du 20 juillet 1942 et ainsi conçu :

« La marque doit avoir la forme d’un angle aigu d’environ 45 degrés, dont le grand côté devra mesurer un centimètre et sera dirigé vers le haut ; elle doit être imprimée au fer rouge sur la fesse gauche… cette marque doit être faite à l’aide d’un bistouri tel qu’il en existe dans chaque unité. On emploiera l’encre de Chine comme colorant. »

L’exécution de cet ordre fut confiée aux autorités militaires, encore que le chef de la SIPO et du SD ait largement diffusé l’ordre lui-même parmi les fonctionnaires de la Police allemande, pour information.

Certains prisonniers de guerre soviétiques furent également soumis à des expériences médicales particulièrement cruelles et inhumaines. C’est ainsi qu’en juillet 1943, la préparation expérimentale d’une guerre bactériologique ayant été entreprise, certains d’entre eux furent soumis à des expériences qui, le plus souvent, se révélèrent mortelles. Comme préparatifs de cette guerre, on étudia aussi la façon dont on pourrait répandre, par avion, des émulsions bactériologiques, destinées à ruiner les récoltes sur de vastes étendues et à provoquer la famine. Ces mesures ne furent jamais appliquées, peut-être à cause de l’affaiblissement rapide de la position militaire de l’Allemagne.

L’argument, qui tente de justifier les crimes commis contre les prisonniers de guerre soviétiques par le fait que l’URSS n’était pas signataire de la Convention de Genève, est sans valeur. L’amiral Canaris lui-même, protestant contre la réglementation édictée le