Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des camps, à éliminer et à soumettre à un « traitement spécial » : a) tous les éléments politiques, criminels ou indésirables pour tout autre cause, qui se trouvent parmi eux, b) toutes les personnes qui pourraient être employées à la reconstruction des territoires occupés… En outre, les Commandants doivent s’efforcer, dès le début, de rechercher parmi les prisonniers ceux qui semblent dignes de confiance, sans s’occuper de savoir s’ils sont communistes ou non, afin de les employer à l’espionnage intérieur du camp, et, si c’est opportun, plus tard aussi dans les territoires occupés. En utilisant ces indicateurs et tous autres moyens possibles, on doit peu à peu découvrir, parmi les prisonniers, les éléments qui sont à éliminer…

« Par dessus tout on doit découvrir les éléments suivants : les fonctionnaires importants de l’État soviétique et du parti communiste, les révolutionnaires de métier, les commissaires du peuple de l’Armée Rouge, les personnalités dirigeantes de l’État, les personnalités marquantes du monde des affaires, les membres du service secret soviétique, les Juifs, tous les individus qui se trouvent être des agitateurs ou des communistes fanatiques. On ne doit pas procéder aux exécutions dans le camp ou dans son voisinage immédiat. On doit, si possible, transférer dans l’ancien territoire de la Russie soviétique les prisonniers destinés à subir le traitement spécial. »

Les dépositions écrites de Warlimont, chef d’État-Major adjoint de la Wehrmacht, d’Ohlendorf, ancien chef de l’Amt III du RSHA, et de Lahousen, chef de l’une des branches de l’Abwehr, Service de renseignements de la Wehrmacht, indiquent toutes que cet ordre fut exécuté dans ses moindres détails,

Kurt Lindow, ancien fonctionnaire de la Gestapo (Police secrète d’État) a déclaré par écrit ce qui suit :

« Il existait dans ces camps de prisonniers de guerre du front de l’Est, de petites commissions de filtrage (Einsatzkommandos) commandées par des membres subalternes de la Gestapo. Ces équipes étaient détachées auprès des commandants de camps et avaient pour mission de sélectionner les prisonniers de guerre qui devaient être exécutés conformément aux ordres donnés, et de les signaler aux services de la Police secrète. »

Le 23 octobre 1941, le commandant du camp de concentration de Gross-Rosen communiqua à Mueller, chef de la Gestapo, une liste de prisonniers de guerre soviétiques qui y avaient été exécutés le jour précédent.

Les conditions générales de vie des prisonniers de guerre soviétiques et la façon dont ils étaient traités, pendant les huit premiers mois qui suivirent l’attaque contre l’URSS, sont évoquées dans une lettre adressée par Rosenberg à Keitel, le 28 février 1942 :