Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pillage des biens publics ou privés, la destruction sans motif des villes et des villages, ou la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires, »

Au cours de la guerre, un grand nombre de soldats alliés qui s’étaient rendus aux Allemands furent immédiatement fusillés, souvent en application d’une politique délibérée et calculée. Le 18 octobre 1942, Keitel mit en circulation une directive approuvée par Hitler, laquelle ordonnait que tous les membres d’unités alliées de « commandos », même en uniforme, armés ou non, devraient être « exécutés jusqu’au dernier homme » même s’ils essayaient de se rendre. Il était stipulé en outre que, dans le cas où ces unités tomberaient aux mains des autorités militaires, après avoir au préalable été capturées par la police locale ou de toute autre manière, elles devraient être immédiatement remises au SD. Cet ordre, complété à diverses reprises, resta en vigueur jusqu’à la fin de la guerre, mais, après les débarquements alliés en Normandie en 1944, on précisa qu’il ne devait pas s’appliquer aux « commandos » faits prisonniers à proximité immédiate de la zone de combat. En application de cet ordre, des unités alliées de « commandos » et d’autres unités militaires indépendantes furent exterminées en Norvège, en France, en Tchécoslovaquie et en Italie. Nombre de ces hommes furent tués sur place. Quant à ceux qui furent exécutés plus tard dans des camps de concentration, ils ne furent jamais l’objet d’un jugement, quel qu’il fût. C’est ainsi qu’un commando américain, qui atterrit, en janvier 1945, à l’arrière du front allemand des Balkans et qui comptait de douze à quinze hommes en uniforme, fut emmené à Mauthausen, en application de l’ordre précité. Selon la déposition écrite d’Adolf Zutte, officier d’administration du camp de concentration de Mauthausen, tout son effectif fut fusillé.

En mars 1944, l’OKH promulgua le décret dit action « Kugel » ou « Balle » selon lequel tout prisonnier de guerre, ayant le rang d’officier ou de sous-officier non astreint au travail, qui serait repris après une tentative d’évasion devait être remis à la SIPO ou au SD, exception faite pour les prisonniers britanniques et américains. Cet ordre fut transmis par la SIPO et par le SD à leurs officiers régionaux. Les officiers et sous-officiers visés par cette mesure devaient être envoyés au camp de concentration de Mauthausen et exécutés, dès leur arrivée, d’un coup de revolver tiré dans la nuque.

En mars 1944, cinquante officiers de l’armée de l’air britannique, qui s’étaient évadés du camp de Sagan où ils étaient détenus, furent fusillés après avoir été repris, sur l’ordre direct de Hitler. Leurs corps furent immédiatement incinérés et les urnes contenant leurs cendres furent renvoyées au camp. Les accusés n’ont pas contesté qu’il s’agissait là d’un meurtre pur et simple, en violation flagrante du Droit international.