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guerre fussent à l’avenir organisés de façon à pouvoir être considérés comme possessions allemandes.

À la lumière des preuves présentées, le Tribunal estime qu’on ne peut soutenir valablement l’argument selon lequel l’invasion du Danemark et celle de la Norvège auraient été de nature défensive et, selon son opinion, ces invasions constituent des actes d’agression.


L’INVASION DE LA BELGIQUE, DES PAYS-BAS ET DU LUXEMBOURG.

Le projet d’invasion de la Belgique et des Pays-Bas fut d’abord étudié en août 1938, au moment où se préparait l’attaque contre la Tchécoslovaquie et où se dessinait la possibilité d’un conflit armé avec la France et l’Angleterre. On mit alors en relief les avantages qui résulteraient pour l’Allemagne de l’utilisation à ses propres fins de la Belgique et des Pays-Bas, surtout comme bases aériennes dans une guerre contre l’Angleterre et contre la France.

En mai 1939, lorsque Hitler se décida irrévocablement à attaquer la Pologne et dut en conséquence prévoir l’éventualité d’une guerre contre l’Angleterre et contre la France, il déclara à ses chefs militaires :

«Les bases aériennes belges et néerlandaises doivent être occupées Il ne faut pas tenir compte des déclarations de neutralité. »

Le 22 août de la même année, il exprima devant les mêmes auditeurs l’opinion que l’Angleterre et la France ne « violeraient pas la neutralité de ces pays ». À la même époque, il donnait à la Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg l’assurance qu’il respecterait leur neutralité et, le 6 octobre 1939, après la campagne de Pologne, il renouvelait cette assurance. Le 7 octobre, le général von Brauchitsch ordonnait au Groupe d’armées B de se préparer « pour l’invasion immédiate du territoire néerlandais et belge, si la situation politique l’exigeait ». Par une série d’ordres signés des accusés Keitel et Jodl, l’attaque fut fixée au 10 novembre 1939, mais fut ensuite retardée jusqu’en mai 1940 en raison des conditions météorologiques et des problèmes de transport.

Lors de la conférence qui se tint le 23 novembre 1939, Hitler déclara :

« Nous avons un talon d’Achille : la Ruhr. Le progrès de la guerre dépend de la possession de cette région. Si l’Angleterre et la France avancent à travers la Belgique et les Pays-Bas jusque dans la Ruhr, nous nous trouverons dans une situation des plus dangereuses… Certainement l’Angleterre et la France prendront l’offensive contre l’Allemagne dès qu’elles seront armées. Elles disposent de moyens par lesquels elles peuvent forcer la Belgique