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lui enjoignant d’ajourner ce plébiscite. Le 11 mars 1938, Göring présenta au Gouvernement autrichien une série d’exigences en appuyant chacune d’elles de la menace d’une invasion. Après que le Chancelier autrichien eut accepté l’ajournement du plébiscite, on exigea encore de lui qu’il démissionnât, en nommant à sa place Seyss-Inquart. En conséquence, Schuschnigg démissionna et le Président Miklas, après avoir d’abord refusé, consentit finalement à la désignation de Seyss-Inquart comme Chancelier.

Dans l’intervalle, Hitler avait donné l’ordre aux troupes allemandes de franchir la frontière à l’aube du 12 mars et avait enjoint à Seyss-Inquart d’utiliser les formations nationales-socialistes autrichiennes pour renverser Miklas et s’emparer du pouvoir. Après que les troupes allemandes eurent reçu l’ordre d’avancer, Göring téléphona à l’ambassade d’Allemagne à Vienne et dicta le télégramme que Seyss-Inquart devait envoyer à Hitler pour justifier l’opération militaire en cours. Ce télégramme était ainsi conçu :

« Le Gouvernement provisoire autrichien qui, après la démission du Gouvernement Schuschnigg, considère de son devoir d’établir la paix et l’ordre dans le pays, demande instamment au Gouvernement allemand de l’appuyer dans sa tâche et de l’aider à éviter une effusion de sang. À cette fin, il demande au Gouvernement allemand d’envoyer des troupes allemandes aussitôt que possible. »

Keppler, fonctionnaire de l’ambassade d’Allemagne, répondit :

« Les SA et les SS locaux défilent dans les rues, mais tout est calme. »

Après une discussion prolongée, Göring déclara :

« Veuillez montrer à Seyss-Inquart le texte du télégramme, et lui dire que nous lui demandons de nous l’envoyer. Au fond, il n’a même pas besoin de le faire. Tout ce qui est nécessaire, c’est qu’il dise : D’accord, »

Seyss-Inquart n’envoya jamais le télégramme, et il ne télégraphia même jamais : « D’accord ».

Il semble que dès qu’il fut nommé Chancelier, peu après 22 heures, il ait téléphoné à Keppler et l’ait chargé de transmettre à Hitler ses protestations contre l’occupation. Ce procédé indigna Göring parce que, dit-il, « cela troublerait le repos du Führer qui voulait se rendre en Autriche le lendemain ». À 23 h.15, un fonctionnaire du ministère de la Propagande de Berlin téléphona à l’Ambassade à Vienne et Keppler lui répondit : « Dites au Generalfeldmarschall que Seyss-Inquart est d’accord. »

Le 12 mars 1938, à l’aube, les troupes allemandes entrèrent en Autriche et ne rencontrèrent aucune résistance. La presse allemande annonça que Seyss-Inquart avait été désigné comme successeur de Schuschnigg et cita, bien qu’il n’eût jamais été envoyé, le texte du