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Au cours de ces réunions qui eurent lieu respectivement les 5 novembre 1937, 23 mai 1939, 22 août 1939 et 23 novembre 1939, Hitler fit d’importantes déclarations qui ne laissent aucun doute sur les buts qu’il poursuivait.

Ces documents ont fait l’objet de quelques critiques de la part de la Défense. Celle-ci, en effet, sans contester leur authenticité intrinsèque, a prétendu par exemple qu’ils ne correspondaient pas aux procès-verbaux sténographiés des discours dont ils font état, que d’une part en particulier le document relatif à la réunion du 5 novembre 1937 porte une date postérieure de cinq jours à celle où la réunion eut effectivement lieu, et que d’autre part les deux documents se rapportant à la réunion du 22 août 1939 sont différents l’un de l’autre et ne sont pas signés.

Le Tribunal, tout en admettant le principe de ces critiques, estime néanmoins que les documents dont il s’agit ont une importance capitale et que leur authenticité et leur véracité sont pleinement établies. En effet, il est incontestable que ce sont des comptes rendus scrupuleux des événements qu’ils décrivent et ils ont été conservés comme tels dans les archives du Gouvernement allemand ou ils se trouvaient quand ils furent saisis. Rien ne permet de les écarter comme constituant des faux ou comme contenant des inexactitudes ou des altérations ; ils relatent des événements qui se sont effectivement déroulés.


CONFÉRENCES DES 5 NOVEMBRE 1937 ET 23 NOVEMBRE 1939.

Il est peut-être préférable de traiter tout d’abord de la réunion du 23 novembre 1939, où Hitler réunit ses commandants en chef. Un procès-verbal des paroles prononcées fut dressé par un des assistants. À cette date, l’Autriche et la Tchécoslovaquie avaient été incorporées dans le Reich allemand, la Pologne avait été conquise et la guerre avec la Grande-Bretagne et la France en était encore à une phase d’immobilité. Le moment était bien choisi pour passer en revue les événements antérieurs, Hitler annonça à ses généraux que le but de la conférence était de leur faire connaître sa pensée et ses décisions. Il rappela ensuite l’activité politique qui avait été la sienne depuis 1919, et évoqua le retrait de l’Allemagne de la Société des Nations, son attitude à l’égard de la Conférence du Désarmement, la décision de réarmer, l’institution du service militaire obligatoire, l’occupation de la Rhénanie, l’annexion de l’Autriche et l’opération entreprise contre la Tchécoslovaquie. Il déclara :

« Une année après, ce fut le tour de l’Autriche ; ce premier pas paraissait aléatoire. Il amena pourtant un renforcement considérable de la puissance allemande. L’étape suivante fut la Bohême, la Moravie et la Pologne. On ne pouvait accomplir tout cela en