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dans la partie finale du jugement la question de la responsabilité particulière de chaque accusé.

L’inculpation selon laquelle les accusés auraient préparé et poursuivi des guerres d’agression est capitale. La guerre est un mal dont les conséquences ne se limitent pas aux seuls États belligérants, mais affectent le monde tout entier.

Déclencher une guerre d’agression n’est donc pas seulement un crime d’ordre international ; c’est le crime international suprême, ne différant des autres crimes de guerre que du fait qu’il les contient tous.

Les premiers actes agressifs que mentionne l’Acte d’accusation sont l’invasion de l’Autriche et celle de la Tchécoslovaquie, et la première guerre d’agression visée est la guerre contre la Pologne, commencée le 1er septembre 1939.

Avant d’examiner cette accusation, il est nécessaire de se reporter aux événements qui ont précédé les agressions. La guerre germano-polonaise n’a pas éclaté soudainement dans un ciel sans nuages. Il a été prouvé clairement que cette guerre, de même que l’invasion de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie, avait été préméditée et soigneusement préparée. Elle a été entreprise au moment jugé opportun et comme conséquence d’un plan préétabli.

En effet, les desseins agressifs du Gouvernement nazi ne sont pas nés de la situation politique existant à ce moment-là en Europe et dans le monde ; ils constituaient une partie essentielle et délibérément arrêtée de la politique extérieure nazie.

Dès le début, le mouvement national-socialiste prétendit que son but était d’unir le peuple allemand sous la conduite du Führer en lui donnant conscience de sa mission et de son destin fondés sur les qualités propres de la race.

Pour atteindre ce but, deux entreprises furent estimées primordiales : la dislocation de l’ordre européen tel qu’il existait depuis le Traité de Versailles et la création d’une Grande Allemagne débordant des frontières de 1914, ce qui impliquait nécessairement la conquête de territoires étrangers.

Dans ces conditions, la guerre fut considérée comme inévitable ou tout au moins probable. Il fallait donc organiser le peuple allemand avec toutes ses ressources, comme une grande armée de caractère politique et militaire, entraînée à obéir sans discussion aux ordres de l’État.


LA PRÉPARATION DE L’AGRESSION.

Dans son livre Mein Kampf, Hitler avait exprimé clairement ses intentions. Il faut se souvenir que cet ouvrage n’était pas un simple journal privé reflétant les pensées secrètes de Hitler. Il fut répandu