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qu’en mai 1935 Hitler et son Gouvernement en étaient arrivés, dans l’exécution de leurs plans, au point où il leur était nécessaire d’avoir à leur disposition l’instrument indispensable à l’administration et au gouvernement du pays, au cas où leur politique conduirait à la guerre.

En même temps que l’économie allemande se préparait à la guerre, l’Armée s’organisait en vue de reconstruire la puissance militaire de l’Allemagne.

La Marine fut particulièrement active à cet égard. Ses historiens officiels, Assmann et Gladisch, admettent que le Traité de Versailles était en vigueur seulement depuis quelques mois lorsqu’il fut violé, notamment par la construction d’une nouvelle force sous-marine.

Les publications du capitaine Schuessler et du colonel Scherff, toutes deux patronnées par Raeder, montrèrent au peuple allemand la nature de l’effort entrepris par la marine en vue de réarmer au mépris du Traité de Versailles.

Les documents traitant des détails de ce réarmement ont été déposés à titre de preuves.

Le 12 mai 1934, Raeder fit paraître un plan intitulé : « La troisième phase d’armement ». On peut y lire :

« Tous les préparatifs théoriques et pratiques doivent être poursuivis de façon que l’on soit prêt à faire la guerre, sans aucune période d’alerte. »

Un mois plus tard, Raeder eut une conversation avec Hitler au cours de laquelle celui-ci lui ordonna de continuer à garder secrète la construction, alors en cours, de sous-marins et bâtiments de guerre, dépassant la limite fixée à dix mille tonnes.

Le 2 novembre, Raeder eut un nouvel entretien avec Hitler et Göring. Hitler déclara qu’il considérait comme vital que la flotte allemande « fût développée selon les plans établis, aucune guerre ne pouvant être menée si la Marine n’était pas capable de protéger l’importation de minerai de Scandinavie ».

Raeder cherche à excuser les ordres massifs de mise en chantier passés en 1933 et 1934, en expliquant que l’Allemagne et la Grande-Bretagne poursuivaient avec succès des négociations en vue de conclure un accord qui permettrait à l’Allemagne de construire un plus grand nombre de navires que le Traité de Versailles ne le prévoyait. Cette convention, signée en 1935, limita la flotte allemande à un tonnage égal à 33% de celui de la flotte britannique ; une exception était faite en faveur des sous-marins, pour lesquels 45% furent admis ; l’Allemagne était même autorisée à dépasser cette dernière proportion, à condition d’en informer au préalable le Gouvernement britannique et de lui donner la possibilité d’en discuter.