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RAPPORT MÉDICAL
DE LA COMMISSION DÉSIGNÉE POUR L’EXAMEN
DE L’ACCUSÉ GUSTAV KRUPP VON BOHLEN.[1]
7 novembre 1945.

Nous, soussignés, au cours de la matinée du 6 novembre 1945, avons examiné, en présence de sa femme et de son infirmière, le malade identifié par les autorités militaires compétentes comme étant Gustav Krupp von Bohlen.

Nous nous accordons unanimement à déclarer que le malade souffre de ramollissement sénile du cerveau, affectant particulièrement les lobes frontaux du cortex cérébral et le corpus striatum, dû à la dégénérescence vasculaire.

Notre opinion unanime, réfléchie et professionnelle, est que l’état mental du malade Gustav Krupp von Bohlen est tel, qu’il est hors d’état de suivre les débats devant le Tribunal, et de comprendre un interrogatoire ou d’y coopérer.

L’état physique du malade est tel qu’il ne peut, sans danger pour sa vie, être transporté.

Nous estimons, après réflexion, que cet état n’est pas susceptible de s’améliorer, mais plutôt de s’aggraver.

En conséquence, nous sommes unanimement d’avis qu’il ne sera jamais en état physique ou mental de comparaître devant le Tribunal Militaire International.

Signé : R. E. Tunbridge,
Brigadier O. B. E., M. D., M. Sc,
professeur médecin consultant,
Armée britannique du Rhin.
Signé : René Piedelièvre,
Docteur en médecine,
professeur à la Faculté de médecine de Paris
expert près les tribunaux.
Signé : Nicolas Kurshakov, M. D.,
Professeur de médecine,
médecin-chef
interne à l’Institut médical de Moscou,
commissariat à la Santé Publique, URSS.
  1. Au cours d’une réunion du Tribunal Militaire International tenue le 30 octobre 1945 : « il a été décidé qu’une commission de quatre médecins-experts, chacun nommé par un membre du Tribunal, serait désignée si les Procureurs n’y faisaient pas d’objection pour examiner Krupp et qu’elle aurait le droit d’avoir recours à des spécialistes en cas de nécessité ». Le rapport de cette commission médicale a été présenté le 7 novembre 1945.