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Guzman.

Ah ! Madame, il n’a point son pareil pour en faire.
C’est un esprit… Qu’il parle, on n’a plus qu’à se taire ;
Il sera quatre jours à discourir sur rien.

D. Fernand.

C’est beaucoup que d’avoir le don de l’entretien.

Guzman.

D’abord qu’on l’apperçoit, on accourt pour l’entendre ;
C’est l’humeur la plus drôle…

D. Fernand.

C’est l’humeur la plus drôle…Oui ?

Guzman.

C’est l’humeur la plus drôle…Oui ?S’il est votre gendre,
Je vous tiens tout au moins rajeuni de vingt ans.

D. Fernand.

Comment, s’il est mon gendre ? Est-ce que…

Guzman.

Comment, s’il est mon gendre ? Est-ce que…Je m’entens,
Il vient à ce dessein, mais comme enfin son pere
A tant & tant de biens qu’il n’en sauroit que faire,
Quoiqu’à Madrid encor on ne l’ait jamais vû,
Ses amis ont écrit, il y sera couru.
Pour attraper les gens, il est de fines mouches.

D. Fernand.

Les belles de Madrid ne sont pas trop farouches,
Mais enfin à cela le reméde est aisé.
Si je trouve à l’hymen ton maître disposé,
Pas plus tard que demain…

Guzman.

Pas plus tard que demain…C’est assez bien le prendre.
Le plîtôt vaut le mieux ; mon maître a le cœur tendre,
Et quand on l’amadoue, il a peine à tenir.

D. Fernand.

Suffit qu’un prompt hymen puisse tout prévenir.

Guzman.

Vous verrez là-dessus ce qui se devra faire.
Mais je cours l’avertir qu’il peut entrer.[à Béatrix.]
Mais je cours l’avertir qu’il peut entrer. Ma chere,