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À l’amour des grandeurs mon pere trop sensible
Sera toujours pour nous un obstacle invincible.
Quand il croit que Léon dans la lice vainqueur,
M’oblige à recevoir sa couronne & son cœur,
Voudra-t-il endurer qu’aux dépens de sa gloire
Il cede à vos désirs le fruit de sa victoire,
Et ce que de la vôtre on aura publié,
Ne paroîtra-t-il pas un secours mandié ?
Au combat, dira-t-on, Léon trouve des charmes
À feindre qu’à Roger il a prêté ses armes,
Et pour le rendre heureux, sa générosité
Cede à ses vœux un prix qu’il n’a pas mérité ?
Non, non, n’attendez rien qui ne vous soit contraire.
En me donnant à vous, il me rend à mon pere ;
Et dans le triste état où mes jours sont réduits,
Demeurer à moi-même est tout ce que je puis.



Scène derniere.

ROGER, BRADAMANTE, MARPHISE, DORALISE.
Marphise.

Enfin, mon frere, enfin, après tant d’injustice,
Vos malheurs vont cesser, le ciel vous est propice.
Pour servir votre amour, Léon avec éclat
A publié partout le secret du combat.
Mais c’est peu qu’à vos vœux il cede Bradamante,
Il faut pour l’obtenir, que son pere y consente ;
Vous craignez ses refus, cet obstacle est levé.

Roger.

Ô ciel ! Pour ce bonheur je serois réservé ?