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Je l’ai fait éclater en cent & cent combats ;
On aura beau le taire, ils ne le tairont pas.
Si j’ai fait mon devoir quand je l’ai bien servie,
Du moins je méritois qu’elle eût soin de ma vie.
Pour la voir contre moi si fiérement s’armer,
Le crime n’est pas grand de n’avoir pû l’aimer.
Le panchant fut toujours un mal inévitable,
S’il entraîne le cœur, le sort en est coupable,
Et tout autre, oubliant un si leger chagrin,
Ne m’auroit pas puni des fautes du destin.

Tilney.

Vos froideurs, je l’avoue, ont irrité la reine ;
Mais daignez l’adoucir, & sa colere est vaine.
Pour trop croire un orgueil dont l’éclat lui déplaît,
C’est vous-même, c’est vous qui donnez votre arrêt.
Par vous, dit-on, l’Irlande à l’attentat s’anime,
Que le crime soit faux, il est connu pour crime ;
Et quand pour vous sauver elle vous tend les bras,
Sa gloire veut au moins que vous fassiez un pas,
Que vous…

Le Comte.

Que vous…Ah ! S’il est vrai qu’elle songe à sa gloire,
Pour garantir son nom d’une tache trop noire,
Il est d’autres moyens où l’équité consent,
Que de se relâcher à perdre un innocent.
On ose m’accuser ; que sa colere accable
Des témoins subornés qui me rendent coupable,
Cécile les entend, & les a suscités,
Raleg leur a fourni toutes leurs faussetés ;
Que Raleg, que Cécile, & ceux qui lui ressemblent,
Ces infames sous qui tous les gens de bien tremblent,
Par la main d’un bourreau, comme ils l’ont mérité,
Lavent dans leur vil sang leur infidélité.
Alors, en répandant ce sang vraiment coupable,
La reine aura fait rendre un arrêt équitable ;