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ACTE III.



Scène I.

ÉLISABETH, CÉCILE, TILNEY.
Élisabeth.

Le comte est condamné ?

Cécile.

Le comte est condamné ?C’est à regret, Madame,
Qu’on voit son nom terni par un arrêt infame.
Ses juges l’en ont plaint, mais tous l’ont à la fois
Connu si criminel, qu’ils n’ont eu qu’une voix.
Comme pour affoiblir toutes nos procédures
Ses reproches d’abord m’ont accablé d’injures,
Ravi, s’il se pouvoit, de le favoriser,
J’ai de son jugement voulu me récuser.
La loi le défendoit, & c’est malgré moi-même
Que j’ai dit mon avis dans le conseil suprême,
Qui confus des noirceurs de son lâche attentat,
A crû devoir sa tête au repos de l’état.

Élisabeth.

Ainsi sa perfidie a paru manifeste ?

Cécile.

Le coup pour vous, Madame, alloit être funeste.
Du comte de Tyron, de l’Irlandois suivi,
Il en vouloit au trône, & vous l’auroit ravi.

Élisabeth.

Ah ! Je l’ai trop connu, lorsque la populace
Seconda contre moi son insolente audace.
À m’ôter la couronne il croyoit l’engager.
Quelle excuse à ce crime, & par où s’en purger ?
Qu’a-t-il répondu ?