Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


NOUVEAU PROLOGUE.


Scène premiere.

Thalie.

Quelle favorable puissance
A rétabli les agrémens,
La pompe & la magnificence
D’un théatre que mon absence
Avoit laissé sans ornemens ?
Moi, qu’on nomme en tous lieux la divine Thalie,
Moi, Muse de la comédie,
L’amour des plus rares esprits,
Je n’ai donc pû par leurs écrits
Soutenir l’honneur de la scéne ?
J’ai pris une inutile peine.
Malgré les efforts que j’ai faits,
On a déserté mes palais.
Depuis un temps une juste colere
M’a fait abandonner ces lieux ;
Un retour de tendresse, un desir curieux,
De voir ce que sans moi l’on y peut encor faire,
Me fait y reporter & mes pas & mes yeux ;
Je reviens, je n’y vois rien qui ne doive plaire,
Une foule de connoisseurs,
Par leur bon goût au spectacle appellée,
Me fait penser que l’une de mes sœurs
À ma place s’en est mêlée.
Se pourroit-il qu’à mon emploi
Elle réussît mieux que moi ?