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Le Vicomte.

C’est avecque justice.Et cet autre qui chante,
C’est avecque justice.Fa, sol fa, sol fa re, mi, fa,
Quand il entonne ainsi son re, mi, fa, je ris…

La Comtesse.

Vraiment.

Olympe.

Vraiment.Il a toujours ses endroits favoris.

La Comtesse.

Pour ne point perdre temps, voulez-vous que je fasse
Mettre ici le théatre, où j’ai marqué sa place ?

La Comtesse.

On dit qu’il est joli, voyons.

Le Comédien.

On dit qu’il est joli, voyons.Notre chanteur
A quelque scéne à faire avant que d’être acteur,
Vous la pourrez entendre, elle est prête. Allons vîte,
Ouvrez, & que chacun de son emploi s’acquitte.

[Ils prennent tous place, & ils ne sont pas plûtôt assis, qu’on fait rouler vers eux un théatre dont le devant est orné d’un fort beau tapis où pend une très-riche campanne. Ce théatre représente une chambre. Au-devant des deux premiers pilastres qui sont de chaque côté, il y a deux guéridons faits en Mores, portant chacun une girandole. Au-dessus de la corniche de ces pilastres qui sont fort enrichis, on voit deux corbeilles de fleurs. La frise qui régne sur la façade, représente deux grandes consoles d’or, avec des festons de fleurs qui ceignent le fronton ; & entre les deux consoles il y a un rond orné d’une bordure dorée, dans lequel on voit une médaille. La suite de la chambre est enrichie d’arcades, de pilastres, de panneaux remplis d’ornemens différens, de coloris, de festons de fleurs, de porcelaines, de vases d’or, d’argent & de lapis, & d’ovales percés à jour. Dans cinq arcades ou niches, qui sont d’azur rehaussé d’or, on voit cinq statues toutes d’or, représentant des Amours ; & dans le fond de la chambre il y a encore deux guéridons