Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/357

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et vous me recevez d’un air froid, sérieux…

Olympe.

Je rêve, & j’en ai pris l’habitude en ces lieux.
À me bien divertir quelques soins qu’on emploie,
Il y manque toujours quelque chose à ma joie,
La Campagne n’a point les charmes de Paris.

Le Chevalier.

Paris a des beautés dont on peut être épris ;
Mais enfin je n’en veux pour juge que vous-même,
On ne regrette rien quand on voit ce qu’on aime ;
Et vous n’envieriez pas les plaisirs les plus doux,
Si vous étiez pour moi ce que je suis pour vous.

Olympe.

Je croyois n’être pas obligée à vous rendre
Le même empressement que l’Amour vous fait prendre,
Et qu’il m’étoit permis, en recevant vos soins,
De vous trouver sensible, & de l’être un peu moins.

Le Chevalier.

Quelle réponse, hélas ! C’est donc tout ce qu’emporte
Cette parfaite ardeur ?

Olympe.

Cette parfaite ardeur ?Je l’avoue, elle est forte,
Vos feux par ces devoirs m’ont été confirmés ;
Mais de grace, est-ce vous, ou moi, que vous aimez ?
Je parois à vos yeux bien faite, belle, aimable,
Vous me cherchez, de quoi vous suis-je redevable ?
Forcez-vous en cela votre inclination ?
Et quand vous me parlez d’ardeur, de passion,
Si le secret panchant qui pour moi vous inspire,
Ne vous attiroit pas autant qu’il vous attire,
Ne trouvant rien en moi qui pût vous enflammer,
Pour mes seuls intérêts me pourriez-vous aimer ?
De vos prétentions voyez l’abus extrême.
Parce que je vous plais, il faut que je vous aime ;