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Scène II.

LE MARQUIS, VIRGINE.
Le Marquis.

Hé bien, comment la nuit s’est-elle ici passée ?
Que fait-on ?

Virgine.

Que fait-on ?Ma maîtresse est fort embarrassée,
Et ce que l’Inconnu fait pour la régaler,
Lui donne à tous momens matiére de parler.
Olimpe, aussi bien qu’elle, admire son adresse,
Sa manière engageante, & toutes deux, sans cesse
Font rouler l’entretien sur les soins d’un amant
Qui, sans se découvrir, aime si fortement.

Le Marquis.

Si toujours le succès répond à l’entreprise,
La suite aura de quoi mériter leur surprise.

Virgine.

Ce qui m’en cause à moi, dont je ne reviens pas,
C’est de vous voir tranquille, & si peu d’embarras,
Que quelque fête ici tous les jours qui se donne,
On en cherche l’auteur, sans que l’on vous soupçonne.

Le Marquis.

Par où me soupçonner ? J’en ai peu de souci.
Je loge dans le bourg à quatre pas d’ici.
Tous mes gens, hors un seul qui sait ce qu’il faut taire,
Passent là tout le jour à rire, à ne rien faire ;
Et cet unique agent par qui tout se conduit,
Va porter dans un bois mes ordres chaque nuit.
Peut-on mieux assurer un secret ?