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Toujours ferme, toujours glorieux de ses peines,
Tandis que refroidi, lâche, foible, inégal,
Par un éloignement fatal
Vous cherchiez à briser mes chaînes.
Ils m’ont fait voir… Mais pourquoi m’excuser ?
Je ne vous blâme point d’avoir fui ma présence.
Vous avez au dégoût qu’elle a pu vous causer
Cherché remède par l’absence ;
C’est ainsi qu’il en faut user.
Nous n’avons point un cœur pour le tyranniser,
Et, rien n’est tant à nous que notre complaisance.

mélicerte

Ah, ne vous armez point de ces fausses raisons
Pour tâcher à rendre plausible
La plus noire des trahisons.
Jamais autre que vous ne m’a trouvé sensible,
Et malgré votre éloignement
J’ai fait gloire toujours du nom de votre Amant.
Mais croyez-moi, Madame, il entre ici du Charme ;
On contraint vos désirs, je le connois trop bien.
Si jamais votre amour fut satisfait du mien,
Daignez craindre ce qui m’alarme,
Et pour vous et pour moi ne précipitez rien.

silla

Le charme est grand, je le confesse,
Puisqu’en votre rival il m’a fait découvrir
Tout ce qui peut mériter ma tendresse.
Mais adieu, ce discours vous blesse,
Et c’est trop vous faire souffrir.