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Scène IX


 
GLAUCUS, CIRCÉ, PALÉMON, DORINE.


palémon

Venez vite, Seigneur, on a besoin de vous.
D’Amours en l’air environnée,
Silla vient avec eux de descendre au Palais,
Et je crains bien que pour son Hyménée
Votre Amour n’ait formé d’inutiles projets.
Elle a de loin reconnu Mélicerte,
Que deux Amours empêchent d’approcher.
Ravis de se revoir, ils n’ont pu se cacher
Le vif excès de joie où leur âme est ouverte.
Voilà ce qui m’a fait en hâte vous chercher.

glaucus

Quoi, les Amours qui pour moi s’intéressent,
Ne lui peuvent changer le cœur,
Et toujours avec même ardeur
Ses vœux pour mon rival s’empressent ?

circé

C’est ainsi qu’en suivant un transport amoureux,
On a peu de douceurs qui ne soient inquiètes.
Un rival vous alarme, et tout Dieu que vous êtes,
Sans moi vous aurez peine à devenir heureux.
Pour me venger du faux mystère
Qui m’a fait si longtemps méconnoître Glaucus,
J’aurois sujet dans ma juste colère
De vous abandonner aux soupirs superflus
Où vous réduit l’impuissance de plaire ;
Mais je suis bonne, allez, je ne m’en souviens plus,
Et ferai tout ce qu’il faut faire