J’ai su que dans ce Bois vous l’avez amenée.
Rendez-la moi, de grâce ; et puisque enfin les Dieux
À ma flamme l’ont destinée,
Faites-la paroître à mes yeux.
Silla n’est plus en ma puissance.
Vénus par les Amours me la vient d’enlever,
Et n’a rien commencé, prenant votre défense,
Qu’elle n’ait dessein d’achever.
Mais un si grand secours n’étoit point nécessaire.
Vous n’aviez qu’à cesser de vous rendre inconnu.
Il n’est rien qu’aussitôt je n’eusse voulu faire,
Et Glaucus par lui-même auroit tout obtenu.
Madame.
Il ne faut point vous cacher davantage,
J’ai su par le Soleil votre déguisement,
Et ne m’étonne plus si j’ai mis en usage
Tout ce qui me devoit assurer l’avantage
De vous acquérir pour Amant.
Le malheureux succès d’une flamme si prompte
A causé quelque peine à mon cœur abusé ;
Mais à quelque refus qu’il se soit exposé,
L’amour ne peut faire de honte,
Quand c’est un Dieu qui l’a causé.
Vous savez quelles lois le Destin nous impose.
C’est sans nous consulter qu’il dispose de nous,
Et lorsque de l’amour nous ressentons les coups,
La nécessité qui le cause…