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Scène III


 
FLORISE, ASTÉRIE.


florise

Seule avec Mélicerte ainsi ?
Dans un Bois ? C’est pousser la franchise à l’extrême.
Qu’en dira-t-on ?

astérie

Et bien, on dira que je l’aime.
Le grand malheur pour en être en souci !

florise

Vous tournez tout en raillerie ;
Mais, ma Sœur, à ne rien déguiser entre nous,
Si la même galanterie
Arrivoit à d’autres qu’à vous,
Qu’en penseriez-vous, je vous prie ?

astérie

Que ce seroit un rendez-vous.
Comme à suivre mon cœur ma bouche est toujours prête,
J’avouerai sans façon, qu’il n’est rien selon moi
De plus satisfaisant qu’un peu de tête à tête ;
Et quand on peut l’avoir, pourquoi
Voulez-vous qu’on soit assez bête,
Pour n’oser témoigner qu’on veut vivre pour soi ?

florise

Mais l’exacte vertu nous doit faire la loi,
Et le plaisant cède à l’honnête.

astérie

Voilà l’ordinaire chanson
De qui fait le métier de prude.
Elle met son unique étude
À se garantir du soupçon ;