Mais enfin que m’apprendrez-vous ?
Parlez, belle Astérie, et s’il vous est possible,
Soulagez un Amant jaloux.
La jalousie est un mal bien terrible ;
Mais n’importe, le Ciel vous voit d’un œil plus doux,
Et Circé n’est pas insensible.
Quoi, Circé me rendroit son cœur ?
D’un si prompt repentir Circé seroit capable,
Et cette farouche rigueur
Qui la rendoit inexorable,
Aurait fait place à la douceur ?
Je l’avois bien prévu, qu’en lui faisant comprendre
Le dur excès de mes ennuis,
Vous la forceriez à se rendre.
Toute badine que je suis,
J’ai le cœur tourné sur le tendre,
Et pour les malheureux je fais ce que je puis.
Voyez-vous cet Anneau que Circé vous envoie ?
Que ne dois-je point à vos soins ?
Donnez, de grâce, et de ma joie
Allons chercher mille témoins.
Voilà comme souvent l’Amour pour nous s’emploie,
Lorsque nous l’espérons le moins.
Il est vrai. Qui l’eût cru, que pour finir ma peine,
L’Amour dût amener Silla dans ce Palais ?
Mais n’en crois-je point trop mes amoureux souhaits,
Et la nouvelle est-elle bien certaine ?
L’a-t-on vue arriver ? Est-elle avec Circé,
Et de sa part recherchez-vous Mélicerte ?
Le Portroit de Silla n’est donc pas effacé.