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De celle à qui les eaux ont servi de Berceau.
Ainsi toujours de quelque encens nouveau
L’odeur sur tes Autels soit prête à se répandre.
Par un pouvoir du mien victorieux,
Silla qui m’a coûté les plus tendres hommages,
À peine a paru dans ces lieux,
Que l’air s’est couvert de nuages,
Qui l’ont dérobée à mes yeux.
Où Circé la tient-elle ? Apprends-le moi, de grâce,
Et sois favorable à mes vœux.

vénus

Le Soleil de sa Fille a soutenu l’audace,
Mais, Glaucus, persévère, et malgré la disgrâce
Qui semble attachée à tes feux,
Sors du trouble qui t’embarrasse.
De ces Amours que j’ai fait suivre exprès,
Ici de tous côtés la Troupe répandue
Aux desseins de Circé veillera de si près,
Qu’en vain elle croiroit échapper à leur vue.
Amours, séparez-vous autour de ce Palais,
Et pénétrez si bien les lieux les plus secrets,
Qu’à Glaucus Silla soit rendue.
C’est tout ce que je puis pour remplir tes souhaits.

  
Les Amours s’envolent de tous côtés, et Vénus remonte dans son Globe.


glaucus

C’en est assez, Déesse, et je ne dois rien craindre,
Puisque enfin ta bonté s’intéresse pour moi.
Suis-moi, viens.

palémon

À ce que je vois,
Vous croyez n’être plus à plaindre ;
Tout vous rit, et Vénus qui jamais ne sut feindre,
Vous a parlé de bonne foi ?

glaucus

Oui, je cède à l’espoir qu’elle vient de me rendre.
Après ce qu’elle a dit, ce seroit l’offenser,
Que de songer à m’en défendre.

palémon