{scène|III}}
C'est bien dit. Ah ! lés sots,
Qui sans rien attraper, avec un soin extrême.
Sont un an à poursuivre un chétif Je vous aime !
Prétend-elle toujours ainsi se défier?
Faute d'expérience elle se fait prier ;
Elle est novice encor; mais enfin laisse faire,
Mes soins en si bon train ont déjà mis l'affaire
Qu'en la pressant un peu, si ton maître est discret,
Je lui répondrois bien d'un rendez-vous secret.
Lui peignant bien sa flamme, il l'obtiendra sans doute.
Mais on ne lui dit rien que la tante n'écoute,
Et montrer pour la nièce un cœur d'amour blessé
Ce seroit le secret d'être bientôt chassé.
Oh ! le fâcheux dragon qu'une tante éternelle !
Ajoute, qui prétend être encor jeune et belle,
Et qui, laissant au coffre un peu plus de trente ans,
Veut jusque dans l'hiver ramener le printemps.
A chaque occasion parlant de son peu d'âge,
Son radoucissement tire un piteux hommage,
Qui, lent à s'avancer...
Pour de si vieux appas,
Dis-moi quelle douceur pourroit doubler le pas?
A soixante et dix ans ! l'agréable mignonne !
Dis, soixante.