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{scène|III}}

Philipin, Lisette.

Philipin

C'est bien dit. Ah ! lés sots,

Qui sans rien attraper, avec un soin extrême.

Sont un an à poursuivre un chétif Je vous aime !

Prétend-elle toujours ainsi se défier?

Lisette

Faute d'expérience elle se fait prier ;

Elle est novice encor; mais enfin laisse faire,

Mes soins en si bon train ont déjà mis l'affaire

Qu'en la pressant un peu, si ton maître est discret,

Je lui répondrois bien d'un rendez-vous secret.

Lui peignant bien sa flamme, il l'obtiendra sans doute.

Philipin

Mais on ne lui dit rien que la tante n'écoute,

Et montrer pour la nièce un cœur d'amour blessé

Ce seroit le secret d'être bientôt chassé.

Oh ! le fâcheux dragon qu'une tante éternelle !

Lisette

Ajoute, qui prétend être encor jeune et belle,

Et qui, laissant au coffre un peu plus de trente ans,

Veut jusque dans l'hiver ramener le printemps.

A chaque occasion parlant de son peu d'âge,

Son radoucissement tire un piteux hommage,

Qui, lent à s'avancer...

Philipin

Pour de si vieux appas,

Dis-moi quelle douceur pourroit doubler le pas?

A soixante et dix ans ! l'agréable mignonne !

Lisette

Dis, soixante.

Philipin