Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/625

Cette page n’a pas encore été corrigée

Leur triomphe me tue, et toute possédée
De cette assassinante et trop funeste idée,
Quelques bras que contre eux ma haine puisse unir,
Je souffre plus encor qu’elle ne peut punir.


Scène VI


OEnarus, Ariane, Pirithoüs, Nérine, Arcas

OENARUS.

Je ne viens point, Madame, opposer à vos plaintes,
De faux raisonnements, ou d’injustes contraintes ;
Je viens vous protester que tout ce qu’en ma Cour…

ARIANE.

Je sais ce que je dois, Seigneur, à votre amour.
Je connois même à quoi ma parole m’engage ;
Mais…

OENARUS.

À vos déplaisirs épargnons cette image,
Vous répondriez mal d’un coeur…

ARIANE.

Comment, hélas !
Répondrois-je de moi ? Je ne me connois pas.

OENARUS.

Si du secours du temps ma foi favorisée
Pour mériter qu’un jour vous oubliiez Thésée…

ARIANE.

Si j’oubliois Thésée ? Ah Dieux, mon lâche coeur
Nourriroit pour Thésée une honteuse ardeur !
Thésée encor sur moi garderoit quelque empire !
Je dois haïr Thésée, et voudrois m’en dédire !
Oui, Thésée à jamais sentira mon courroux ;
Et si c’est pour vos vœux quelque chose de doux,