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ARIANE.

Laissez-moi, je ne veux vous voir, ni vous entendre.
C’est vous, Pirithoüs, dont le funeste abord,
Toujours fatal pour moi, précipite ma mort.

PIRITHOÜS.

J’ignore…

ARIANE.

Allez au Roi porter cette nouvelle.
Nérine me demeure, il me suffira d’elle.

PIRITHOÜS.

D’un départ si secret le Roi sera surpris.

ARIANE.

Sans son ordre Thésée eût-il rien entrepris ?
Son aveu l’autorise, et de ses injustices
Le Roi, vous, et les Dieux, vous êtes tous complices.


Scène V

.
Ariane, Nérine

ARIANE.

Ah, Nérine !

NÉRINE.

Madame, après ce que je vois,
Je l’avoue, il n’est plus ni d’honneur, ni de foi.
Sur les plus saints devoirs l’Injustice l’emporte.
Que de chagrins !

ARIANE.

Tu vois, ma douleur est si forte,
Que succombant aux maux qu’on me fait découvrir,
Je demeure insensible à force de souffrir.
Enfin d’un fol espoir je suis désabusée ;
Pour moi, pour mon amour, il n’est plus de Thésée.