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Scène III


Ariane, Pirithoüs, Nérine

ARIANE.
à Nérine

Que fait ma Soeur ? Vient-elle ?
Avec quelle surprise elle va recevoir
La nouvelle d’un coup qui confond mon espoir !
D’un coup par qui ma haine à languir est forcée !

NÉRINE.

Madame, j’ai longtemps…

ARIANE.

Où l’as-tu donc laissé ?
Parle.

NÉRINE.

De tous côtés j’ai couru vainement,
On ne la trouve point dans son appartement.

ARIANE.

On ne la trouve point ! Quoi, si matin ! Je tremble
Tant de maux à mes yeux viennent s’offrir ensemble,
Que stupide, égarée, en ce trouble importun,
De crainte d’en trop voir, je n’en regarde aucun.
N’as-tu rien ouï dire ?

NÉRINE.

On parle de Thésée.
On veut que cette nuit voyant la fuite aisée…

ARIANE.

Ô nuit ! Ô trahison dont la double noirceur
Passe tout… Mais pourquoi m’alarmer de ma Soeur ?
Sa tendresse pour moi, l’intérêt de sa gloire,
Sa vertu, tout enfin me défend de rien croire.