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Va, fais-lui promptement savoir que je l’attends.
Dis-lui que le sommeil l’arrête trop longtemps,
Que je sens ma douleur croître par son absence.
Qu’elle est heureuse, hélas ! dans son indifférence !
Son repos n’est troublé d’aucun mortel souci.
Pirithoüs paroît, fais-la venir ici.


Scène II

.
Ariane, Pirithoüs

ARIANE.

Et bien ? Puis-je accepter la main qui m’est offerte ?
Le Roi sur s’empresse-t-il à réparer ma perte,
Et pour me laisser libre à payer son amour,
De l’hymen de Thésée a-t-il choisi le jour ?

PIRITHOÜS.

Le Roi sur ce projet entretint hier Thésée,
Mais il trouva son âme encor mal disposée.
Il est pour les Ingrats de rigoureux instants,
Thésée en fit l’épreuve, et demanda du temps.

ARIANE.

Différer d’être heureux après son inconstance,
C’est montrer en aimant bien peu d’impatience ;
Et ce nouvel Objet dont son cœur est épris,
Y doit pour son amour croire trop de mépris.
Pour moi, je l’avouerai, sa trahison me fâche ;
Mais puisqu’en me quittant il lui plaît d’être lâche,
Si je dois être au Roi, je voudrois que sa main
Eût pu déjà fixer mon destin incertain.
L’irrésolution m’embarrasse et me gêne.

PIRITHOÜS.

Si l’on m’avoit dit vrai, vous seriez hors de peine ;