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ACTE V



Scène I

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Ariane, Nérine

NÉRINE.

Un peu plus de pouvoir, Madame, sur vous-même.
À quoi sert ce transport, ce désespoir extrême ?
Vous avez dans un trouble à nul autre pareil
Prévenu ce matin le lever du Soleil.
Dans le Palais errante, interdite, abattue,
Vous avez laissé voir la douleur qui vous tue.
Ce ne sont que soupirs, que larmes, que sanglots.

ARIANE.

On me trahit, Nérine, où trouver du repos ?
Quoi, ce parfoit amour dont mon âme ravie
Ne croyoit voir la fin qu’en celle de ma vie,
Ces feux, ces tendres feux pour moi trop allumés,
Dans le cœur d’un Ingrat sont déjà consumés ?
Thésée avec plaisir a pu les voir éteindre,
Ma mort n’est qu’un malheur qui ne vaut pas le craindre.
Et ce parjure Amant qui se rit de ma foi,
Quoi qu’il vive toujours, ne vivra plus pour moi ?
Que fait Pirithoüs ? Viendra-t-il ?

NÉRINE.

Oui, Madame,
Je l’ai fait avertir.

ARIANE.

Quels combats dans mon âme !