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Qu’on le fasse venir, allez Nérine. Ainsi
De mon cœur, de ma foi, n’ayez aucun souci ;
Après ce que j’ai dit, vous en êtes le maître.

OENARUS.

Ah, Madame, par où puis-je assez reconnoître…

ARIANE.

Seigneur, un peu de trêve ; en l’état où je suis,
J’ai comblé votre espoir, c’est tout ce que je puis.


Scène III

.
Ariane, Phèdre

PHÈDRE.

Ce retour me surprend. Tantôt contre Thésée
Du plus ardent courroux vous étiez embrasée,
Et déjà la raison a calmé ce transport ?

ARIANE.

Que ferois-je, ma Soeur ? C’est un Arrêt du Sort.
Thésée a résolu d’achever son parjure,
Il veut me voir souffrir, je me tais, et j’endure.

PHÈDRE.

Mais vous répondez-vous d’oublier aisément
Ce que sa passion eut pour vous de charmant ?
D’avoir à d’autres vœux un cœur si peu contraire,
Que…

ARIANE.

Je n’ai rien promis que je ne veuille faire.
Qu’il s’engage à l’hymen, j’épouserai le Roi.

PHÈDRE.

Quoi ? Par votre aveu même il donnera sa foi ;
Et lorsque son amour a tant reçu du vôtre,
Vous le verrez sans peine entre les bras d’une autre ?

ARIANE.

Entre les bras d’une autre ! Avant ce coup, ma Soeur,
J’aime, je suis trahie, on connoîtra mon cœur.