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N’espère pas pourtant éviter le supplice
Que toujours après foi fait suivre l’injustice.
Tu romps ce que l’Amour forma de plus beaux noeuds,
Tu m’arraches le cœur, j’en mourrai, tu le veux.
Mais quitte des ennuis où m’enchaîne la vie,
Crois déjà, crois me voir, de ma douleur suivie,
Dans le fond de mon âme armer, pour te punir,
Ce qu’a de plus funeste un fatal souvenir,
Et te dire d’un ton et d’un regard sévère,
"J’ai tout fait, tout osé pour t’aimer, pour te plaire.
J’ai trahi mon Pays, et mon Père et mon Roi ;
Cependant vois le prix, ingrat, que j’en reçois."

THESEE.

Ah, si mon changement doit causer votre perte,
Frappez, prenez ma vie, elle vous est offerte.
Prévenez par ce coup le forfait odieux
Qu’un amour trop aveugle…

ARIANE.

Ôte-toi de mes yeux.
De ta constance ailleurs va montrer les mérites ;
Je ne veux pas avoir l’affront que tu me quittes.

THESEE.

Madame…

ARIANE.

Ôte toi, dis-je, et me laisse en pouvoir
De te haïr autant que je le crois devoir.


Scène V

.
Ariane, Nérine

ARIANE.

Il sort, Nérine. Hélas !

NÉRINE.

Qu’auroit fait sa présence,