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Mais enfin puisque rien pour lui n’est plus à taire,
Quel est ce rare Objet que son choix me préfère ?

PIRITHOÜS.

C’est ce que de son cœur je ne puis arracher.

ARIANE.

Ma colère est suspecte, il faut me le cacher.

PIRITHOÜS.

J’ignore ce qu’il craint, mais lorsqu’il vous outrage,
Songez que d’un grand Roi vous recevez l’Hommage ;
Il vous offre son Trône, et malgré le Destin
Votre malheur par là trouve une heureuse fin.
Tout vous porte, Madame, à ce grand hyménée.
Pourriez-vous demeurer errante, abandonnée ?
Déjà la Crète cherche à se venger de vous.
Et Minos…

ARIANE.

J’en crains peu le plus ardent courroux.
Qu’il s’arme contre moi, que j’en sois poursuivie,
Sans ce que j’aime, hélas ! Que faire de la vie ?
Aux décrets de mon sort achevons d’obéir.
Thésée avec le Ciel conspire à me trahir ;
Rompre un si grand projet, ce seroit lui déplaire.
L’Ingrat veut que je meure, il faut le satisfaire,
Et lui laisser sentir pour double châtiment,
Le remords de ma perte, et de son changement.

PIRITHOÜS.

Le voici qui paroît ; n’épargnez rien, Madame,
Pour rentrer dans vos droits, pour regagner son âme ;
Et si l’espoir en vain s’obstine à vous flatter,
Songez ce qu’offre un Trône à qui peut y monter.