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ACTE III



Scène I

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Pirithoüs, Phèdre

PIRITHOÜS.

Ce seroit perdre temps, il ne faut plus prétendre
Que rien touche Thésée, et le force à se rendre.
J’admire encor, Madame, avec quelle vertu
Vous avez de nouveau si longtemps combattu.
Par son manque de foi, contre vous-même armée,
Vous avez fait paroître une Soeur opprimée.
Vous avez essayé par un tendre retour
De ramener son cœur vers son premier amour.
Et prière, et menace, et fierté de courage,
Tout vient pour le fléchir d’être mis en usage ;
Mais sur ce changement qui semble vous gêner,
L’ingratitude en vain vous le fait condamner.
Vos yeux rendent pour lui ce crime nécessaire ;
Et s’il cède au remords quelque fois pour vous plaire.
Quoi que vous ait promis ce repentir confus,
Sitôt qu’il vous regarde, il ne s’en souvient plus.

PHÈDRE.

Les Dieux me sont témoins que de son injustice
Je souffre malgré moi qu’il me rende complice.
Ce qu’il doit à ma Soeur méritoit que sa foi
Se fît de l’aimer seule une sévère loi ;
Et quand des longs ennuis où ce refus l’expose,
Par ma facilité je me trouve la cause,
Il n’est peine, supplice, où pour l’en garantir
La pitié de ses maux ne me fît consentir.
L’amour que j’ai pour lui me noircit peu vers elle.
Je l’ai pris sans songer à le rendre infidèle ;