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D’un juste et long remords avancez-lui les coups.
Enfin, ma Sœur, enfin je n’espère qu’en vous.
Le Ciel m’inspira bien, quand par l’Amour séduite
Je vous fis malgré vous accompagner ma fuite.
Il semble que dès lors il me faisoit prévoir
Le funeste besoin que j’en devois avoir.
Sans vous, à mes malheurs où chercher du remède ?

PHÈDRE.

Je vais mander Thésée, et si son cœur ne cède,
Madame, en lui parlant, vous devez présumer…

ARIANE.

Hélas ! Et plût au Ciel que vous sussiez aimer,
Que vous pussiez savoir par votre expérience
Jusqu’où d’un fort amour s’étend la violence !
Pour émouvoir l’Ingrat, pour fléchir sa rigueur,
Vous trouveriez bien mieux le chemin de son cœur.
Vous auriez plus d’adresse à lui faire l’image
De mes confus transports de douleur et de rage ;
Tous les traits en seroient plus vivement tracés.
N’importe, essayez tout, parlez, priez, pressez.
Au défaut de l’Amour, puisqu’il n’a pu vous plaire,
Votre amitié pour moi fera ce qu’il faut faire.
Allez, ma Soeur, courez empêcher mon trépas.
Toi, viens, suis-moi, Nérine, et ne me quitte pas.