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PIRITHOÜS.

Souvent ce qui nous plaît par une erreur fatale…

ARIANE.

Parlez plus clairement, ai-je quelque Rivale ?
Thésée a-t-il changé ? Viole-t-il sa foi ?

PIRITHOÜS.

Mon silence déjà s’est expliqué pour moi ;
Par là je vous dis tout. Vos ennuis me font peine ;
Mais quand le seul remède est de vous faire Reine,
N’oubliez point qu’à Naxe on veut vous couronner,
C’est le meilleur conseil qu’on vous puisse donner.
Ma présence commence à vous être importune,
Je me retire.


Scène VI


Ariane, Nérine

ARIANE.

As-tu conçu mon infortune ?
Il n’en faut point douter, je suis trahie. Hélas !
Nérine.

NÉRINE.

Je vous plains.

ARIANE.

Qui ne me plaindroit pas ?
Tu le sais, tu l’as vu, j’ai tout fait pour Thésée.
Seule à son mauvais sort je me suis opposée,
Et quand je me dois tout promettre de sa foi,
Thésée a de l’amour pour une autre que moi ?
Une autre passion dans son cœur a pu naître ?
J’ai mal oui, Nérine, et cela ne peut être.
Ce seroit trahir tout, raison, gloire, équité.
Thésée a trop de cœur pour tant de lâcheté,