Tant d’amour me confond, et plus je vois, Madame,
Que je dois…
Apprenez un projet de ma flamme.
Pour m’attacher à vous par de plus fermes noeuds,
J’ai dans Pirithoüs trouvé ce que je veux.
Vous l’aimez chèrement ; il faut que l’Hyménée,
De ma Soeur avec lui joigne la destinée,
Et que nous partagions ce que pour les grands coeurs
L’amour et l’amitié font naître de douceurs.
Ma Soeur a du mérite, elle est aimable et belle,
Suit mes conseils en tout, et je vous réponds d’elle,
Voyez Pirithoüs, et tâchez d’obtenir
Que par elle avec nous il consente à s’unir.
L’offre de cet hymen rendra sa joie extrême ;
Mais, Madame, le Roi… Vous savez qu’il vous aime.
S’il faut…
Je vous entends ; le Roi trop combattu
Peut laisser à l’Amour séduire sa vertu.
Cet inquiet souci ne sauroit me déplaire,
Et pour le dissiper je sais ce qu’il faut faire.
C’en est trop, mon coeur… Dieux !
Que ce trouble m’est doux !
Ce qu’il vous fait sentir, je me le dis pour vous.
Je me dis…
Plût aux Dieux ! Vous sauriez la contrainte…
Encor un coup perdez cette jalouse crainte ;
J’en connois le remède, et si l’on m’ose aimer,
Vous n’aurez pas longtemps à vous en alarmer.