Heureuse si je puis par son austérité
Obtenir le pardon de ma crédulité.
Mais dans cette retraite, où l’on meurt à soi-même,
J’aurois, je vous l’avoue, une douleur extrême,
Qu’un homme à qui j’ai cru pouvoir innocemment
De mes plus tendres vœux donner l’empressement,
Devînt par un revers aux méchants redoutable,
Des vengeances du Ciel l’exemple épouvantable.
Monsieur, encor un coup…
De grâce, accordez-moi
Ce que dois mériter l’état où je me vois.
Votre salut fait seul mes plus fortes alarmes.
Ne le refusez point à mes voeux, à mes larmes,
Et si votre intérêt ne vous sauroit toucher,
Au crime en ma faveur daignez vous arracher,
Et m’épargner l’ennui d’avoir pour vous à craindre
Le courroux que jamais le Ciel ne laisse éteindre.
La pauvre femme ?
Enfin si le faux nom d’époux
M’a fait tout oublier pour vous vivre toute à vous,
Si je vous ai fait voir la plus forte tendresse
Qui jamais d’un cœur noble ait été la Maîtresse,
Tout le prix que j’en veux, c’est de vous voir songer
Au bonheur que pour vous je tâche à ménager.
Coeur de Tigre !
Voyez que tout est périssable.
Examinez la peine infaillible au coupable,
Et de votre salut faites-vous une loi,
Ou pour l’amour de vous, ou pour l’amour de moi.
C’est à ce but qu’il faut que tous vos désirs tendent,
Et ce que de nouveau mes larmes vous demandent.